L’utopie de la bibliothèque

Il fut un temps, pendant l’adolescence, où je vécus dans une triste chambre tel un oiseau en cage. Que peut-on faire dans ce cas ? D’habitude les oiseaux s’y adaptent  ou alors ils meurent. Van Gogh parle même d’un oiseau devenu fou. Quant à moi, je ne m’y suis pas fait, je ne suis pas mort et  je n’ai pas perdu la tête non plus. Je me suis mis à lire. J’ai rempli ma cage de livres en  devenant ainsi victime d’un préjugé.  Car les livres comptent beaucoup, mais pas plus que la vie et surtout ils ne peuvent pas s’y substituer. Un beau jour nous comprenons que l’histoire de Tristan ou de Roméo ne nous suffit plus. Nous souhaitons aimer à notre tour. 

(Octavian Paler – Conjurez le sort pour qu’il ne vous pousse pas d’ailles)

Arrivé à ce point, on peut se retrouver dans une des impasses; tout en passant le temps à lire et à reprendre et endosser tous ces mots et toutes ces histoires entièrement, le danger pour certains serait de se retrouver à ne plus faire la différence entre réalité et fiction et oublier ainsi comment vivre lorsqu’ils reviennent au monde réel. Ici bas les réactions et les comportements dans les livres n’ont plus aucun lien avec la fiction. Aussi réalistes et naturels que les personnages puissent nous paraître, la vraie vie n’a aucun lien avec la plus vraie des fictions. Prolongation naturelle pour nous, les manifestations apprises au fil des pages, bonnes ou mauvaises, nous rendront curieux pour les autres qui nous regarderaient avec suspicion et pitié. Nous pouvons blesser sans comprendre pourquoi et en retour souffrir suite aux conséquences qu’nous devons assumer.

Tristan n’existe que là bas… Ce n’est toujours que là bas que Roméo meurt pour son amour et que Orphée affronte l’enfer pour la même raison. Ici ils seraient enfermés  chez les fous ou stigmatisés et moqués. Ah, le donquichottisme  alors, dans la vraie vie les gens normaux sont juste normaux, les autres étant fous, très fous, fous de chez les fous. Ici on aime tout simplement, sans peine ou actes déraisonnés ou alors on croit tout simplement que l’amour existe et à la première vague le sable se lisse à nouveau et les mots disparaissent… Il ne reste seule que la vie. Nous sortons de la cage à pages? Nous nous adaptons. Si nous n’y parvenons pas, il vaut mieux y rester et  continuer à vivre dans l’univers parallèle entre les «barreaux des pages».

~ par Mirella Tonenchi sur 29/03/2016.

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